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Université de Montréal - Crédit: Photo de Jeff Reuben

L’art déco à Montréal (Partie 1 de 3)

Pensez-vous que Montréal soit un haut-lieu de l’art déco ?

Eh bien, oui !

Montréal a rapidement adopté ce style architectural très en vogue entre le milieu des années 20 et le milieu des années 50.

Pourquoi ?

Parce que l’art déco a été consacré à Paris en 1925 et que plusieurs architectes québécois allaient étudier en France.

C’est le cas notamment d’Ernest Cormier, qui est l’architecte du pavillon central de l’Université de Montréal.

Le style art déco de Montréal se distingue d’autres styles art déco, ailleurs dans le monde. Par exemple, en Floride, le style art déco est plus flamboyant que celui de Montréal. 

En effet, la sobriété caractérise surtout les constructions art déco montréalaises dont leurs dimensions demeurent essentiellement modestes. Par exemple, l’emblème de l’art déco à Montréal, l’édifice Aldred, ne fait que 23 étages.  

Le côté un peu « pierreux » de leur façade est une autre caractéristique de l’art déco à Montréal.

Enfin, l’utilisation fréquente de bas-reliefs est tout aussi caractéristique de l’art déco montréalais. Ces bas-reliefs expriment souvent des thèmes relatifs à la fonction ou à l’emplacement de l’édifice. On note également la présence de conceptions « Streamline Moderne », orientées horizontalement

De façon surprenante, les constructions art déco les plus excentriques au Québec sont … les églises !! Pensons notamment à l’Oratoire Saint-Joseph.

Nombre de ces édifices résultent de la volonté du maire de Montréal de l’époque, Camilien Houde, de commander de nombreux bâtiments publics dans les années 30 pour créer des emplois pendant la Dépression.

Voici un tour d’horizon de l’art déco à Montréal, essentiellement basé et traduit de l’article de Jeff Reuben: A Guide to The Art Deco Architecture Gems of Montreal, publié dans Untapped New York. Je remercie chaleureusement Jeff Reuben pour sa collaboration.

Pour alléger la lecture, ce tour d’horizon est présenté en une série de 3 articles. Voici le 1er article de la série !

Pavillon principal de l’Université de Montréal

Le pavillon principal de l’Université de Montréal est, à la fois, un pionnier de l’Art Déco à Montréal et la dernière grande œuvre de la ville dans ce style.

La conception d’une université francophone installée sur le versant nord-ouest du Mont Royal a vu le jour dans les années 1920. Cependant, elle n’a été achevée que deux décennies plus tard.

L’œuvre de Ernest Cormier

Dès 1924, l’architecte-ingénieur en charge était Ernest Cormier.

Élaboré en 1927, son plan général de la construction était constitué d’une section centrale surmontée d’une tour ainsi que d’une série d’ailes d’hauteur moyenne.

Cet ensemble formait ainsi un complexe interconnecté s’étendant sur environ 292 mètres de long et 259 mètres de profondeur.

Cormier était un maître de l’intégration de diverses influences. L’arrangement formel de ce pavillon principal de l’Université de Montréal reflète sa formation à l’École des Beaux-Arts de Paris. Cependant, son esthétique géométrique, incluant la verticalité de la façade, démontre que Cormier était également à la pointe de l’art déco.

Art déco montréal, LM Le Québec
Université de Montréal – Crédit: Photo de Jeff Reuben

L’édifice est symétrique, mais toutefois, pas de façon absolue. On peut notamment noter les variations suivantes, lesquelles reflètent des considérations d’ordre programmatique :

  • les différents types de fenêtres, et
  • les formes des tours secondaires.

L’une de ces deux tours, qui devait initialement être un hôpital universitaire, n’a jamais vu le jour. Cependant, sa conception était suffisamment modulaire pour l’ajuster à d’autres fonctions.

La brique émaillée jaune a été choisie pour sa durabilité et pour alléger son apparence. Choisir de la pierre ou de la brique plus foncée aurait pu donner une apparence très lourde à cet édifice imposant.

Les contraintes de la construction

Si les travaux de fondation ont commencé en 1928, la construction de l’édifice a néanmoins été arrêtée dans les années 1930 en raison de la Grande Dépression qui sévissait alors.

Finalement, ce pavillon principal de l’Université de Montréal ne fut inauguré qu’en 1943 !

On peut facilement noter son manque d’ornement. Jeff Reuben considère que cela est approprié puisque la beauté de cet édifice réside dans ses proportions et dans ses expressions abstraites.

La maîtrise des coûts a néanmoins également été une préoccupation.

Édifice Aldred

Situé sur la Place d’Armes dans le Vieux-Montréal, l’édifice Aldred est emblématique de l’architecture art déco à Montréal. Il date de 1931.

Selon l’historienne de l’architecture canadienne Susan Wagg, l’édifice Aldred serait la:

«réalisation la plus importante dans la ville [de Montréal] de l’image romantique du gratte-ciel de New York».

Très inspiré des œuvres Art déco de Ralph Walker et Raymond Hood, cet édifice de 23 étages est très vertical, avec des pilastres s’étendant sur toute sa hauteur. Ces pilastres sont uniquement interrompus par une série de revers afin de respecter les règlements locaux sur la hauteur des bâtiments.

Un revers est une récession graduelle dans un mur.

L’influence new-yorkaise est très présente dans cet édifice Aldred.

Son architecte, Ernest I. Barott, était montréalais. Toutefois, ce dernier était natif de l’État de New York. Il avait d’ailleurs suivi ses études à l’Université de Syracuse et commencé sa carrière à New York.

Son client, John E. Aldred, était basé à New York, mais il était également fortement investi au Québec.

Une technique a été utilisée pour adoucir l’accent new-yorkais de l’édifice. Savez-vous laquelle ?

Regardez bien. L’ornementation de la façade comprend des motifs de faune et de flore sur le thème de Montréal !

Inspirés de la Grosse Pomme, les revers (ou récession graduelle dans un mur) de cet édifice Aldred ont l’effet souhaité de les contextualiser avec les édifices voisins, plus petits, que sont:

  • le New York Life Insurance Building (datant de 1889, et situé à gauche de l’édifice Aldred), et
  • la basilique Notre-Dame (datant, quant à elle, de 1829 et située à droite de l’édifice Aldred).

Le Jardin Botanique de Montréal

L’édifice administratif du Jardin botanique de Montréal est un tour de force art déco, avec:

  • une composition équilibrée,
  • des façades rayonnantes de brique et de pierre,
  • une texture verticale et horizontale, et
  • une ornementation thématique en bas-relief.

Il complète, avec élégance, les magnifiques décors paysagers de son jardin qui s’étend sur 75 hectares.

Jardin Botanique de Montréal | LM Le Québec
Jardin Botanique de Montréal – Crédit: Photo de Jeff Reuben

Le Jardin botanique de Montréal a été un triomphe de collaboration. Son fondateur visionnaire, professeur de botanique et moine catholique Frère Marie-Victorin, a obtenu un financement de son ancien étudiant: le maire Houde.

Il a alors réuni une équipe pour réaliser sa vision:

  • L’architecte principal de la partie centrale du bâtiment construit en 1932 fut Lucien Kéroack (le cousin éloigné de Marie-Victorin). Il a d’ailleurs continué à jouer ce rôle, assisté d’Emmanuel-Arthur Doucet, avec les ailes en brique de l’édifice, qui furent achevées en 1939.
  • Les travaux du bas-relief ont été partagés entre les sculpteurs Joseph Guardo et Henri Hébert.
  • Enfin, le surintendant des jardins Henry Teuscher, un horticulteur et architecte paysagiste d’origine allemande qui travaillait auparavant au Jardin botanique de New York, a conçu les jardins d’accueil et ses plans d’eau.

Le jardin Botanique de Montréal est situé dans l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve, à proximité du Parc olympique.

Ces dernières années, le bâtiment et l’aménagement paysager ont été restaurés à l’état neuf.

En 2009, le Jardin botanique de Montréal s’est joint à l’Espace pour la vie, le plus important complexe muséal en sciences naturelles du Canada.

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Jardin Botanique de Montréal – Crédit: Photo de Jeff Reuben

Et les autres ?

Il nous reste encore de nombreux édifices art déco à découvrir à Montréal.

La 2ème partie de cette série se concentre sur les édifices suivants:

  • marchés publics de Montréal,
  • postes de polices et casernes de pompiers de Montréal, et
  • salles de théâtre.

Découvrez-les ici !

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